L’un des stéréotypes dominants concernant les consommateurs de marijuana est qu’ils ont toujours « la fringale ». Les recherches suggèrent que la consommation de cannabis à long terme peut entraîner une prise de poids, en particulier chez les hommes. Cela dit, ses effets sur la prise de poids diffèrent selon la variété de la plante, la dose, la voie d’administration et la fréquence de consommation, entre autres facteurs.
Mais un nombre croissant de preuves montre que la consommation de marijuana peut en fait produire un effet inverse. Certaines études montrent que les consommateurs réguliers sont moins susceptibles de prendre du poids et d’être obèses que ceux qui ne consomment pas de marijuana. En fait, la marijuana peut même aider certaines personnes à perdre du poids. Voici un examen plus approfondi de ce que les deux parties de la recherche ont à dire.
Marijuana et prise de poids
En ce qui concerne la prise de poids et la consommation de marijuana, il y a plusieurs facteurs à prendre en compte. Les personnes qui ont des fringales peuvent avoir envie d’aliments transformés malsains, riches en sucre ajouté, en sodium et en graisses saturées, qui sont susceptibles de provoquer une prise de poids. D’autres personnes peuvent simplement ressentir une augmentation de l’appétit mais ne font pas assez d’exercice et absorbent plus de calories qu’elles n’en brûlent.
En outre, les différentes souches de marijuana ont des concentrations variables de cannabinoïdes, dont le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD), et de terpènes. Ces substances psychoactives agissent sur les récepteurs CB1 et CB2 du cerveau qui constituent le système endocannabinoïde. Ces récepteurs jouent un rôle clé dans la régulation de l’appétit, du stress et des sensations de douleur, et, combinés à d’autres facteurs, peuvent avoir un impact sur la prise de poids.
La marijuana peut stimuler l’appétit
Qu’il soit fumé ou consommé, le cannabis affecte les circuits neurobiologiques qui contrôlent l’appétit, provoquant une augmentation temporaire de l’appétit, ce qui se traduit par des fringales. Selon une étude de 2015 de la Yale University School of Medicine, l’activation du récepteur CB1 du THC augmente les comportements alimentaires et entraîne une diminution de l’activité des neurones responsables des sentiments de satiété.
On sait que l’effet est considérable et qu’il peut être utilisé dans la pratique médicale pour stimuler l’appétit chez les personnes atteintes de cancer, d’une infection avancée par le VIH et d’autres conditions médicales graves.
Cependant, la stimulation de l’appétit ne se traduit pas nécessairement par une prise de poids. Dans la population séropositive, la marijuana peut aider à étouffer la perte de poids, mais ne fait pas grand-chose pour inverser la perte de poids qui peut accompagner une maladie grave. Cela suggère que la stimulation de l’appétit n’est qu’une partie de ce qui déclenche la prise de poids chez certains consommateurs de cannabis.
Réduction des performances sportives
On a observé chez les consommateurs de cannabis une diminution marquée des performances, de la stabilité, du temps de réaction et des performances psychomotrices jusqu’à six heures après la consommation, ce qui affecte la capacité d’une personne à conduire.
Des effets similaires peuvent entraîner une diminution des performances sportives, en particulier pour le commun des mortels. La consommation de cannabis entraîne souvent une baisse de la motivation,, ce qui peut rendre certaines personnes moins enclines à faire de l’exercice pendant la même durée ou avec le même niveau d’intensité qu’elles le feraient normalement.
Cela peut rendre des exercices tels que l’escalade ou le soulèvement de poids plus dangereux, un facteur dissuasif qui, avec les propriétés de relâchement musculaire de certaines souches, peut favoriser la prise de poids simplement en diminuant la capacité d’une personne à pratiquer une activité physique. Selon les recherches, le THC augmente de manière significative le rythme cardiaque au repos (RHR) et la pression artérielle pendant et après l’entraînement physique, diminuant ainsi la tolérance globale d’une personne à l’exercice.
Cela dit, il a également été démontré que le cannabis diminue la douleur et inhibe l’asthme induit par l’exercice, ce qui pourrait en faire un complément utile à des exercices simples que les patients atteints de maladies chroniques ne pourraient pas faire autrement. Cependant, si un nombre significatif de patients souffrant de douleurs passent au cannabis médical pour la gestion de la douleur dans les endroits où il est légal au niveau de l’état, il deviendra important de rechercher ces effets de manière plus approfondie.
Bien qu’un exercice léger puisse ne pas être affecté négativement, il est peu probable que la consommation de cannabis conduise à des performances de pointe.
Motivation pour l’exercice
Marijuana et indice de masse corporelle (IMC)
Les récepteurs cannabinoïdes périphériques activés par le THC sont impliqués dans la régulation de la fonction pancréatique et du métabolisme des lipides. Selon une recherche publiée en 2015 par l’American Diabetes Association, par rapport aux non-consommateurs, les fumeurs de cannabis ont tendance à avoir un pourcentage plus élevé de graisse viscérale abdominale et une résistance accrue à l’insuline, en plus d’un cholestérol HDL plasmatique plus faible.
Parmi les personnes en bonne santé qui consomment régulièrement du cannabis, il existe une différence significative dans la façon dont la drogue influence le poids si vous êtes un homme ou une femme. Par exemple, une étude menée en 2015 par des chercheurs de l’Université de Montréal a révélé que la consommation de cannabis déclenchait une prise de poids significative et constante chez les hommes, mais pas chez les femmes. Bien que la raison de ce phénomène reste obscure, les scientifiques ont suggéré que des différences au niveau des cibles neurobiologiques, ainsi que de la psychologie générale, jouaient un rôle.
Certaines recherches suggèrent que les variétés de cannabis dont la teneur en THC est élevée ou modérément élevée sont plus susceptibles de déclencher une prise de poids, en particulier chez les consommateurs réguliers.
L’huile de CBD peut-elle affecter le poids ?
Le cannabidiol, ou CBD, est un ingrédient actif de la marijuana qui produit une réponse biologique. Contrairement au THC, le CBD n’induit pas les mêmes effets psychotropes associés à la consommation de marijuana. De plus en plus de preuves montrent que le CBD peut avoir des avantages thérapeutiques et anti-inflammatoires, notamment un meilleur sommeil, un soulagement de l’anxiété, et une réduction des douleurs articulaires.
Mais les recherches sont mitigées quant à l’impact du CBD sur le poids. Certaines études ont montré qu’il pouvait diminuer l’appétit, tandis que d’autres ont constaté le contraire. Une étude a montré que 30 % des enfants traités avec un médicament à base de CBD pour l’épilepsie ont connu une augmentation de l’appétit. Mais 53 % des sujets ont également fait état d’une amélioration du sommeil, 71 % d’une vigilance accrue et 63 % d’une amélioration de l’humeur, autant de résultats positifs.
Certains modèles animaux ont montré que le CBD augmente l’appétit pendant les repas, mais diminue en fait la prise alimentaire globale, ce qui suggère qu’il favorise la satiété. D’autres études ont indiqué que le CBD affecte le métabolisme des lipides et du glucose et pourrait être efficace pour le traitement de l’obésité. Une revue de 2020 des recherches actuelles publiée dans Frontiers in Endocrinology a conclu que non seulement la CBD a un potentiel en tant qu’agent thérapeutique, mais qu’elle peut aussi aider à promouvoir la perte de poids et offrir un traitement potentiel pour les maladies chroniques associées à l’obésité.
Les recherches actuelles suggèrent que le CBD pourrait être capable d’améliorer la résistance à l’insuline et les symptômes du diabète de type 2 et du syndrome métabolique.
La marijuana pourrait-elle entraîner une perte de poids ?
Des recherches émergentes montrent que la consommation de marijuana pourrait entraîner une perte de poids. Une étude publiée en 2019 dans l’International Journal of Epidemiology a montré que les consommateurs de cannabis ont effectivement connu une moindre prise de poids sur une période de trois ans par rapport aux non-consommateurs de cannabis. Les résultats indiquent que les sujets qui ont arrêté de consommer du cannabis ont perdu le moins de poids (-0,81) par rapport à ceux qui venaient de commencer à consommer du cannabis (-0,97). Les consommateurs réguliers ont vu le plus grand changement dans l’IMC avec une réduction de 1,26.
De plus, les résultats d’une étude plus ancienne datant de 2011 montrent que les consommateurs de marijuana sont moins susceptibles de souffrir d’obésité par rapport à ceux qui ne consomment pas du tout de marijuana.
L’association entre la prise de poids et la consommation de marijuana est loin d’être concluante, mais il existe suffisamment de preuves pour suggérer qu’elle peut influencer le poids chez certaines personnes, en particulier les consommateurs fréquents qui sont des hommes, qui utilisent des variétés de cannabis à forte teneur en THC, ou qui ont d’autres risk factors for obesity ou un syndrome métabolique.
Bien que d’autres recherches avancent que la marijuana peut aider à prévenir la prise de poids chez certaines personnes et à réduire la graisse corporelle chez d’autres, des preuves plus solides sont encore nécessaires pour déterminer exactement comment la marijuana affecte le poids corporel.
Si vous cherchez à perdre du poids, demandez conseil à votre médecin. La consommation de marijuana ne doit pas remplacer une alimentation équilibrée et un exercice régulier. Bien que la marijuana puisse offrir certains avantages, n’oubliez pas qu’elle ne convient pas à tout le monde, en particulier aux personnes qui luttent contre la dépendance. Il a également été démontré que la consommation de marijuana à long terme peut causer des dommages aux poumons et entraîner une altération des fonctions cognitives.
Si vous ou un de vos proches luttez contre la consommation de substances ou la dépendance, contactez la ligne d’assistance nationale de la Substance Abuse and Mental Health Services Administration (SAMHSA) au 1-800-662-4357 pour obtenir des informations sur les centres de soutien et de traitement dans votre région.
Pour d’autres ressources en matière de santé mentale, consultez notre site National Helpline Database.
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